Première école d’aviation au monde à Champlan

Par M. Joël Dugué, champlanais et passionné de l’histoire de Champlan, membre de l’Association Renaissance et Culture de Longjumeau

Après la défaite de 1870 et l’encerclement de Paris par les troupes prussiennes, afin d’éviter pareil désenchantement l’Etat décide d’entourer la capitale de forts implantés à une vingtaine de kilomètres. Pour se faire l’armée achète en septembre 1875 tout le dessus de la Butte Chaumont à Champlan soit neuf hectares et vingt-neuf centiares pour y construire un fort.

Il n’y aura jamais de fort de construit. Le dessus de la butte ne sera qu’une annexe du fort de Palaiseau et l’armée conservera les lieux jusqu’en 1930.
En 1906 l’aéronautique club de France (A. C. D. F.) fondé en 1897, loue un terrain à l’armée sur la Butte Chaumont au lieu-dit « La Garenne » (aujourd’hui le terrain au-dessus de la rue des Acacias)  pour améliorer les performances des planeurs. Cet endroit est choisi en raison de sa forte déclivité et également de son orientation face à l’ouest et des vents dominants.
A cette époque l’aviation n’en est qu’à ses débuts. On est à la recherche des meilleurs compromis pour permettre à un homme muni d’ailes de planer le plus possible. Les beaux jours arrivant, les pionniers de l’aviation se réunissent si les conditions atmosphériques le permettent pour tester les appareils qu’ils ont construit le plus souvent eux mêmes.

 

 

Cette école de l’aviation, la première au monde a fonctionnée de 1904 à 1908. Les pionniers tels que Voisin, d’André, Durieu, le capitaine Ferber, De Coster, Joliot, Edouard Bourdariat, Alfred De Pischof s’élançaient du haut de la pente harnachés à l’intérieur de leur planeur et parfois parvenaient à planer quelques dizaines de mètres. Les chutes et la casse matérielle étaient monnaie courante.

Deux planeurs de type Chanute 18m2 de surface pour ses 2 plans superposés, 6 mètres d’envergure pour un poids de 20 kilos prêtés par Gabriel Voisin furent souvent utilisés pour les essais. Les appareils sont remisés dans les ateliers aérostatiques de Mr Elie Lassagne aéronaute à Palaiseau qui les a mis fort gratuitement à la disposition du club, et en 1908 dans un hangar de 50 mètres carrés construit spécialement au pied de la butte par le même Lassagne. Les expériences ont été particulièrement belles et profitables le 12 mai 1907 ou le vent fut assez régulier.

Le 16 juin le vent soufflait d’une manière presque continue, juste dans la direction de la pente du terrain. Une douzaine de vols ont été faits, tous très nets à plus ou moins de hauteur au-dessus du sol. Le plus long vol a été réalisé par Mr Durieu.

 

Le 8 mars 1908, d’André fit une chute de plusieurs mètres après la rupture d’une partie de la structure en bambou.
Les techniques de l’aviation évoluant rapidement les planeurs firent place à des avions  propulsés par des moteurs de plus et plus puissants qui utilisaient des terrains plats plus propice à leur évolution. Le terrain de Champlan cessa ses activités.

 

En 1956 Edouard Bourdariat demande à la commune que soit célébré à Champlan (lieu des exploits des adeptes du vol sans moteur) le cinquantenaire de la première école de vol.

Sources : Encyclopédie Universalis, L’Essonne un berceau de l’Aviation,
La Belle-époque des Pionners de Port-Aviation, journal de l’aéronautique club de France

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